Synagogue de Bordeaux, mardi 2 mai 2017
Mystérieuses et envoûtantes, les musiques juives expriment l’âme d’un peuple qui a passé la majeure partie de son existence en exil. A l’origine, la musique hébraïque antique puise ses racines dans les musiques sumériennes, babyloniennes, assyriennes et égyptiennes. Entre le 4e siècle avant J.C. et le 1er siècle de l’E.C., la Judée subit l’influence culturelle des civilisations grecques et romaines, comme en témoignent les noms d’instruments grecs qui figurent dans le livre de Daniel.
Après la destruction du Temple (70 ap. J.C.) et le début de la diaspora (130 ap. J.C.), la synagogue devient le centre de la vie juive. Le passage du culte sacrificiel à la prière écarte les instruments de musique de la liturgie et institue le chant comme principal vecteur de la foi. La seconde moitié du premier millénaire voit l’émergence de la poésie religieuse (piyyoutim), la mise par écrit d’un système de cantillation biblique (les te’amim) et l’affirmation du rôle du chantre (hazzan) comme gardien de traditions locales (minhagim).
Aujourd’hui le paysage musical juif est plus que jamais soumis à un processus accéléré d’évolution et de mutation.
Hervé ROTEN est ethnomusicologue, docteur en musicologie de l’Université Paris IV Sorbonne, il est directeur de l’institut Européen des Musiques Juives et auteur de nombreux articles, livres et disques portant sur les divers aspects des traditions musicales juives en France et dans le monde.