Par Hervé Roten et Jean-Philippe Amar
Né le 16 janvier 1918 à Radom, une ville polonaise à une centaine de kilomètres de Varsovie, Shalom Berlinski est le benjamin d’une fratrie de huit enfants. Son père, fabricant de chaussures, aime chanter à la synagogue et pratique le violon en amateur.
Enfant, Shalom Berlinski fréquente la synagogue et imite les vocalises du hazzan (chantre). À 8 ans, il intègre la chorale de la grande synagogue de Radom dans laquelle il chante la partie d’alto. Petit à petit, il apprend à lire la musique, et à 10 ans devient meshorer, c’est-à-dire chargé d’accompagner de manière quasi improvisée le baal tefillah (le conducteur de la prière).
En 1930, il quitte la Pologne avec sa famille pour s’installer en France. Après un bref passage dans une école primaire du XVIIIe arrondissement de Paris, il rejoint l’atelier de fabrication de chaussures de son père. Cette même année, il découvre la grande synagogue de la rue de la Victoire où il est très impressionné par l’orgue, les chœurs et le hazzan de l’époque, Monsieur Henri Kahn.
En 1935 et 1936, il suit des cours de chant et se produit régulièrement en soliste dans les synagogues parisiennes pour les cérémonies de mariage. En 1940, il est envoyé au front et combat dans la Somme. En avril 1941, il se marie avec Sarah Katz. Quelques mois plus tard, le couple se réfugie près de Roanne. Après l’invasion de la zone libre par les nazis, Shalom Berlinski entre dans un petit groupe de résistants juifs composé de communistes et de sionistes dirigé par le rabbin Samy Klein. Dès la libération de Paris, en août 1944, le couple rentre dans la capitale.
En 1945, Shalom Berlinski s’inscrit au conservatoire privé René Muable, rue Lepic, où il suit pendant 10 ans le cours de technique vocale du ténor italien Umberto Valdarnini, de la Scala de Milan. Il suit également les cours de chant de Maurice Franck, chef d’orchestre à l’opéra Garnier.
En 1945, il fonde le Centre artistique juif dont l’objectif est de créer et rassembler du répertoire de musique et de théâtre juif.
En 1946, il interprète des mélodies hébraïques avec l’Orchestre National, sous la direction de Manuel Rosenthal.
En 1948, il est nommé Premier Ministre Officiant à la Synagogue de la rue de la Victoire (Paris), poste qu’il va occuper durant trente et un ans.
Entre 1953 et 1966, il donne plusieurs concerts mémorables, notamment à la salle Gaveau sous la baguette d’Eugène Bigot et au théâtre des Champs-Elysées, sous la direction de Pierre Dervaux.
De 1959 à 1962-63, il est producteur à l’O.R.T.F. et organise avec la musicologue Yvonne Tienot et l’organiste Jean Bonfils deux séries d’émissions radiophoniques, « La Bible et les musiciens », consacrées à des œuvres musicales d’inspiration biblique dont il est le principal interprète.
Parallèlement à ses fonctions religieuses de chantre à la Victoire, il enseigne entre 1957 et 1968 la hazzanout (art cantorial) au Séminaire Israélite de la rue Vauquelin à Paris, et, plus spécifiquement la lecture chantée de la Torah dans le rite ashkénaze.
En 1979, il cesse son activité de ministre officiant à la synagogue de la Victoire, mais continue à chanter à diverses circonstances jusqu’en 1998. Atteint d’un glaucome en 1972, il perd progressivement la vue. Entouré de l’affection de sa femme, son fils, sa belle-fille et ses quatre petits-enfants, Shalom Berlinski meurt à Versailles le 28 septembre 2008.
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