Conférence et concert
Conférence “Un musicien israélite mort pour la France, Fernand Halphen (1872-1917)”
par Laure Schnapper, musicologue, professeure à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), et présidente de l’Institut Européen des Musiques Juives (IEMJ)
Mort pour la France à l’âge de 45 ans des suites d’une maladie contractée aux armées, Halphen est surtout connu par le portrait que ses parents commandèrent à Renoir en 1880, aujourd’hui au Musée d’Orsay. Issu de la grande bourgeoisie israélite, Halphen étudia le violon et décida très jeune de devenir compositeur. Fauré le prépara à entrer au Conservatoire, où, dans la classe de Massenet, il côtoya notamment Reynaldo, Hahn, avant d’obtenir, en 1896, le second Prix de Rome. Son langage musical, élégant et sensible, est caractéristique de la musique française au tournant du siècle.
Outre une Sonate pour piano et violon, créée en 1900 et quelques autres pièces instrumentales, on lui doit une centaine de mélodies ainsi que Le Cor fleuri, féérie lyrique créée à l’Opéra-Comique en 1904, ainsi que quelques pièces pour la synagogue.
Lieutenant au 13e Régiment territorial d’infanterie basé dans la région d’Amiens et de Compiègne, il fonda et dirigea l’orchestre militaire de son régiment qui devint rapidement, par sa qualité, la musique officielle du Groupe des armées du nord, accompagnant les visites au front du roi des Belges et du roi d’Angleterre en 1915.
Concert-création “Des compositeurs juifs par delà les tranchées”
Oeuvre de Georges-Lazare Bloch, Fernand Halphen, Darius Milhaud, Arnold Schönberg, Ralf Erwin, Erwin Schulhoff et Viktor Ullmann.
par Rémy Yulzari (contrebasse), Daniel Benzakoun (piano) et Alexandre Brussilovsky (violon), en partenariat avec la ville d’Orléans et le Cercil-Musée-Mémorial des enfants du Vel d’Hiv
Ce sujet pose plusieurs questions : l’identité des Juifs pendant ce conflit (entre judaïsme et patriotisme) et sa traduction en musique ? Pourquoi se battre contre des coreligionnaires (par exemple, les Français juifs contre les Allemands juifs) ne posait-il aucun problème ? Quelle est la place de l’antisémitisme pendant la Grande Guerre ? Par quelle ironie du sort les mêmes Juifs patriotes qui n’ont pas hésité à risquer leurs vies pour la France se sont-ils retrouvés quelques années plus tard trahis par le vainqueur de Verdun ?
Pour tenter de répondre à ces questions, trois solistes internationaux : Daniel Benzakoun au piano, Alexandre Brussilovsky au violon, Rémy Yulzari à la contrebasse.