Par Michael Jolles
En janvier 2024 est parue la nouvelle édition numérique de l’Encyclopaedia of British Jewish Cantors, Chazanim, Ministers and Synagogue Musicians: Their History and Culture. Remarquablement documentée, cette encyclopédie présente sur mille pages l’histoire cantorale britannique.
L’auteur de cet ouvrage est Michael Jolles, médecin de profession. Après une première édition sur papier de 871 pages en 2021, il décide de publier l’Encyclopaedia sous format numérique. Ce choix singulier lui a permis d’actualiser son ouvrage en 2022, 2023 et 2024. L’auteur souhaitait en effet que l’Encyclopaedia devienne un « livre vivant » qui évolue en intégrant les informations apportées par de nouveaux contributeurs et ses propres recherches. Autre spécificité : l’ouvrage intégral est désormais disponible gracieusement par téléchargement sous réserve d’en faire la demande à son auteur (Voir le lien en fin d’article).
Dans cet ouvrage imposant, l’encyclopédie ne commence à proprement parler qu’à la page 200. La première partie contient en effet plusieurs chapitres sur l’art cantorial en général et son histoire en Grande-Bretagne en particulier.
Première partie – prolégomènes, contexte et analyses
Parmi les informations présentées dans cette première partie figurent plusieurs chapitres sur les différentes fonctions synagogales liées au chant et à la musique et, plus généralement, au bon déroulement des offices.
On y apprend, par exemple, le rôle pédagogique attribué au cantor dans de nombreuses communautés, au-delà de sa fonction liturgique. Plusieurs paragraphes sont également consacrés à la synagogue et à son aménagement. La lecture de la Loi et ses cantillations par le biais des accents bibliques (les Te’amim), le Shofar, les partitions et d’autres sujets encore sont également abordés de manière concise, avec des références en bas de page pour quiconque souhaiterait approfondir.
Savez-vous ce qu’est un Shoosher ? Il s’agit d’un participant de l’office synagogal qui émet de lourds Shhhh ! pour faire taire les bavards. « Parfois – ironise l’auteur – le Shoosher provoque plus de nuisance sonore que le bavardage qu’il vise à taire ! ».
Une section particulièrement intéressante concerne la théorie musicale du chant liturgique. On y trouve notamment une liste des modes musicaux appelés Steiger (Shteyger) ou encore Gust. Les airs adoptés depuis des temps immémoriaux s’appellent Nigunim mi-Sinai, renvoyant à l’imaginaire d’une tradition reçue au mont Sinaï. Ainsi, Jolles offre à ses lecteurs les subtilités d’un métier transmis d’ordinaire à l’oral, de maître à disciple.
Un autre type d’informations contenu dans cette section concerne l’histoire de la musique synagogale britannique.
Dans un chapitre nommé « The state of the cantorate », l’auteur présente une topographie des usages, des personnes et des publications relatives à la hazzanout (art cantorial) en Angleterre au cours des soixante dernières années. Un chapitre entier traite de l’histoire de la migration de hazzanim vers l’Angleterre. Installé en Grande-Bretagne dès le 17éme siècle, le rite séfarade hispano-portugais a attiré des maîtres de cette tradition originaires d’Europe et d’Afrique du Nord. Au 19ème puis au 20ème siècle, ce sont les hazzanim ashkenazes qui commencèrent à affluer d’Europe de l’Est. Les communautés juives britanniques ont accueilli de nombreuses familles juives fuyant les persécutions ou les épidémies. Les malheurs des uns contribuèrent ainsi à faire la richesse musicale des autres.
Parmi les événements insolites de l’histoire de la hazzanout anglaise, figurent les cérémonies liées à la vie de la famille royale. Ainsi, en 1901, des offices eurent lieu pour commémorer la mémoire de la reine Victoria, décédée le 22 janvier de cette même année. Des prières spéciales furent également rédigées au fil des ans, au rythme des dates importantes de la famille royale.
Deuxième partie – Index alphabétique
La seconde – et majeure – partie de l’ouvrage est une encyclopédie qui couvre plus de 750 pages. Toutes les fonctions relatives à la musique synagogale y sont décrites. L’ampleur de la recherche est impressionnante : on y découvre les parcours de vie des ministres-officiants et des musiciens synagogaux, les carrières des compositeurs et des arrangeurs, les noms des choristes et leurs chefs de chœurs, mais aussi les biographies des chercheurs et des musicologues, des rabbins et des mécènes et, plus largement, de toutes personnes liées à la vie liturgique et musicale des synagogues.
Avec ce livre, l’auteur s’était fixé comme mission de conserver la mémoire de toutes personnes ayant contribué à la vie musicale des synagogues britanniques. S’il poursuit encore ses recherches pour étoffer les futures éditions numériques du livre, l’on peut aisément considérer que sa mission est accomplie. Plus encore : grâce à ses quelques 200 pages d’introductions, la Encyclopaedia of British Jewish Cantors, Chazanim, Ministers and Synagogue Musicians: Their History and Culture est désormais une source incontournable pour quiconque s’intéresse aux différents aspects de la hazzanout.
Pour obtenir une copie numérique de cette encyclopédie, contacter la European Cantors Association par courriel à l’adresse suivante : DownloadJollesEncyclopaedia@cantors.eu