La chanson francarabe (1ère partie)

Une émission de radio de l'Institut Européen des Musiques Juives présentée par Hervé Roten

MUSIQUES JUIVES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI – MARDI 16 FEVRIER 2016, JUDAÏQUES FM (94.8), 21H05


Dans les années 1930 se développe de part et d’autre de la Méditerranée un attrait pour la musique orientale. Selon l’historien Benjamin Stora, cet intérêt correspond à une mode pour l’exotisme née après l’Exposition coloniale de 1931-1932. Et en réponse à cette mode va naître une nouvelle génération de chanteurs qui n’hésiteront pas à créer des chansons mêlant français et arabe sur des rythmes latins (rumba, cha-cha-cha, tango…) ou des reprises de variété française.

Ainsi, dès la fin des années 1930, plusieurs de ces chansons – qualifiées de franco-arabes, francarabes ou orientales – sont enregistrées par des maisons de disque au Maghreb (Lili Labassi, Luisa Tounsia…). Dans le même temps, des artistes – tel Salim Hallali – se produisent dans les cabarets orientaux (El Djezaïr) qui voient le jour à Paris, notamment autour du quartier latin. Après-guerre, de nouveaux cabarets orientaux ouvrent leur portes rue de la Huchette (Les nuits du Liban, Le Tam-tam…) mais aussi à Montmartre (Au Soleil d’Algérie).

A partir des années 1950, Paris est le passage obligé des artistes d’Afrique du Nord qui enregistrent leurs plus grands succès chez Pathé Marconi (Line Monty y grave L’Orientale, une chanson de Youssef Hagège qui sera reprise une dizaine d’années plus tard par Enrico Macias) ou chez Dounia, le label créé par le producteur et chanteur Kahlaoui el Tounsi.

Avec la décolonisation et l’indépendance de l’Algérie, de nombreux artistes maghrébins juifs – comme Blond-Blond, Salim Halali, José de Suza, Lili Boniche, Maurice el Médioni, Enrico Macias… – s’installent en France et y perpétuent la chanson francarabe, notamment auprès des Pied-noirs en veine de nostalgie.

La récente parution du magazine Je Chante ! (n° 12, janvier 2016), qui comporte un dossier détaillé sur la chanson francarabe, est l’occasion de faire le point sur cette forme d’expression artistique, dont on mesure mieux aujourd’hui l’importance.
Raoul Bellaïche, rédacteur en chef de cette revue, sera l’invité de cette série de deux émissions au cours desquelles on pourra réentendre des chansons mythiques, telles Ya oummi, Chérie combien je t’aime, Ma guitare et mon pays, El Andaloussia

Avoir un aperçu du magazine Je Chante ! n°12.
Consulter une sélection de chansons francarabes des collections de l’IEMJ.
Ecouter la deuxième partie de cette émission sur la chanson francarabe.

herve_photo_retouche_fond_uni_bleu_500px.jpgOfficier des Arts et des Lettres, Docteur en musicologie de l’Université Paris IV Sorbonne, Prix du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Hervé Roten est Directeur de l’Institut Européen des Musiques Juives depuis sa création en 2006.
Ethnomusicologue de formation, il s’est intéressé très tôt à la sauvegarde et à la numérisation des archives, matières qu’il a enseignées durant plusieurs années au sein des universités de Reims et de Marne-La-Vallée.
Auteur de nombreux articles, ouvrages et disques portant sur les musiques juives, producteur d’émissions de radio, Hervé Roten est aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes de musiques juives dans le monde.

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