Par Hervé Roten
Considérée comme une icône de la poésie et de la chanson israélienne, Naomi Shemer est née le 13 juillet 1930 à Kvoutzat Kinneret, un kibboutz situé au sud de la mer de Galilée. Présentant des dispositions pour la musique, elle apprend le piano dès l’âge de six ans et participe aux activités musicales de son Kibboutz. A la fin de ses études secondaires, elle reporte son service militaire pour entamer des études musicales, d’abord au Conservatoire de Tel-Aviv, puis à l’Académie de musique et de danse de Jérusalem. Parmi ses professeurs figurent Paul Ben-Haim, Frank Pelleg, Abel Ehrlich, Ilona Vinze-Kraus et Josef Tal, ce dernier étant souvent considéré comme l’un des pères fondateurs de la musique israélienne.
En 1951, Naomi Shemer s’engage dans les Forces de défense israéliennes et sert dans le Nahal en tant que pianiste. Après avoir été libérée de l’armée, elle écrit des chansons pour le théâtre, collabore avec le compositeur Yochanan Zarai sur la comédie musicale Pshita Bakfar, puis avec l’acteur et chanteur Chaim Topol. Elle compose également des chansons pour les troupes musicales de l’armée israélienne (Chamsinim Bameshlat, Hakol Biglal Masmer) et pour le duo Dudaim (Kibui Orot, Shayarat Harokvim…).
À la fin de l’année 1960, Naomi Shemer entame une tournée de neuf mois aux États-Unis, puis de retour en Israël continue à écrire des chansons pour divers interprètes. En 1964, elle se rend à Paris avec sa fille, s’y imprègne de chansons françaises d’interprètes connus sur lesquels elle écrit de nouveaux textes en hébreu, comme Shilgyia [Blanche-Neige] sur la chanson Les souliers de Guy Béart, ou encore Ein Ahavot Smechot, sur l’air de Il n’y a pas d’amour heureux de Georges Brassens.
En 1966, Naomi Shemer crée un quatuor féminin, The Shemer Sisters[1]Composé de Dina Golan, Dalia Oren, Amna Goldstein et Ruthy Bikal qui interprète ses chansons. Malheureusement des difficultés financières la conduisent à dissoudre ce quatuor.
En 1967, elle écrit la chanson Yeroushalayim shel zahav qui la rendra célèbre dans le monde entier et suscitera des commandes de dizaines de chansons par des artistes renommés tels Chava Alberstein, Yehoram Gaon, Yossi Banai…
En 1983, Naomi Shemer reçoit le prestigieux Prix d’Israël. Mais au cours des années 1990, sa santé se détériore au point d’affecter sa carrière. En 1994, l’université hébraïque de Jérusalem lui décerne un doctorat honorifique ; l’université de Tel Aviv en fera autant en 2001. Et en 2000, elle devient membre de l’Académie de Langue Hébraïque.
Naomi Shemer décède le 26 juin 2004 des suites d’un cancer. Elle est enterrée sur son lieu de naissance, le kibboutz Kinneret, surplombant le lac qu’elle a souvent chanté.
Durant sa carrière, elle aura écrit et publié plus de 200 chansons. Conformément à sa demande, les personnes présentes à ses funérailles – retransmises à la télévision nationale – ne prononceront pas d’éloge funèbre ; trois de ses chansons seront à la place chantées. A sa mort, le Premier ministre israélien Ariel Sharon déclare : “En utilisant des paroles et des mélodies merveilleuses, elle a réussi à nous relier à nos racines, à nos origines, aux débuts du sionisme. Aujourd’hui, alors que nous faisons nos adieux à Naomi Shemer, nous inclinons la tête avec tristesse et sommes reconnaissants pour le merveilleux cadeau que Naomi nous a offert”.
Sources :
Lire l’article de fond Jérusalem d’or, une chanson de Naomi Shemer
Ecouter différentes versions de la chanson Jérusalem d’or (Yeroushalayim shel zahav)
1 | Composé de Dina Golan, Dalia Oren, Amna Goldstein et Ruthy Bikal |
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