Tarras, Dave (ca 1898-1989)

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David Itsy Tarasyuk (ca 1898-1989), plus connu sous le nom de Dave Tarras, est né dans le village de Ternovka, près de la ville ukrainienne de Uman. Très tôt dans son enfance, il fut immergé dans la musique klezmer, son père étant un tromboniste klezmer et Badkhn (animateur de mariages). Le jeune Tarras a fréquemment joué dans l’orchestre (kapelye) de son père. Il y jouait de la balalaika, du cobza (sorte de oud), de la guitare, de la mandoline et de la flûte. En 1915, Dave Tarras, qui jouait déjà de la clarinette, fut conscrit dans l’armée du tsar, et comme de nombreux klezmorim avant lui, son talent de musicien lui fournit l’opportunité de servir dans un orchestre militaire au lieu d’aller se battre dans les tranchées. De plus, la Révolution Russe, les pogroms, et la situation économique incertaine le poussèrent à émigrer à New-York en 1921. Là, il commença à travailler dans un atelier de confection comme concierge car il pensait qu’il n’était passez bon musicien pour en faire sa profession. On raconte aussi que lors de son arrivée à Ellis Island, le grand centre d’arrivée des immigrants au large de New York, sa clarinette fut détruite par les services d’immigration, et qu’il ne put s’en racheter une nouvelle qu’après de longues économies.

Mais, très vite, il réalisa qu’il était meilleur que la plupart des musiciens professionnels, et qu’il gagnait beaucoup plus d’argent avec sa clarinette. Son aptitude à transposer et lire la musique en fit rapidement un musicien très demandé, lançant ainsi sa carrière, en même temps qu’une longue rivalité avec son confrère, le clarinettiste Naftule Brandwein. Les compétences de lecture à vue de Dave Tarras, et son calme absolu lui permirent de remplacer Naftule Brandwein dans l’orchestre de Joseph Cherniavsky, le Yiddish American Jazz Band. Peu après, Dave Tarras enregistrait avec Abe Schwartz, – après que Schwartz eut viré Brandwein. Au fur et à mesure de l’accroissement de la réputation de Dave Tarras, s’accrut aussi la liste de ses employeurs. Il travailla et enregistra pour Joseph Rumshinsky, les orchestres d’Abe Ellstein, et d’Alexander Olshanetsky, le Al Glaser’s Bucovina Kapelle, Moishe Oysher, Sholom Secunda, Molly Picon, Seymour Rechzeit, Maurice Schwartz, Aaron Lebedeff, les Barry Sisters et de nombreux autres. De plus, parallèlement aux enregistrements de musiques juives, il enregistra également des musiques grecques, polonaises et russes.

Les amateurs de klezmer, et particulièrement les clarinettistes contemporains, aiment souvent discuter de savoir qui, de Tarras ou de Brandwein, est le meilleur, ou lequel est le plus fidèle à cette musique. Le style de Tarras était plus lisse, plus solennel, avec vibrato lent, tandis que son phrasé était net, précis et rythmique. Son jeu n’était pas le même que celui de Brandwein qui était influencé par la tradition klezmer violonistique de la région polonaise de Galicie. Tarras jouait déjà de manière moins traditionnelle quand il vivait à Ternovka, sans doute parce qu’il avait joué dans un orchestre militaire qui met en avant l’unité orchestrale plutôt que l’individualité des solistes.

On attribue à Dave Tarras le développement des bulgars, en tant que style populaire des musiques de danses juives. Les bulgars n’étaient pas aussi populaires que les freylekhs, et ils étaient souvent joués pour des groupes ethniques variés en Europe de l’Est. Originaire de Bessarabie, le bulgar devint synonyme de klezmer américain dans les années 1940, et plus particulièrement à partir du moment où Dave Tarras en composa et en réalisa de nombreux enregistrements. Sa stature de virtuose et sa popularité étaient tellement importantes que de nombreux musiciens et le public juif considèrent que le klezmer, c’est les bulgars. Dave Tarras fut le clarinettiste klezmer le plus populaire, du milieu des années 1930 à la fin des années 1950, que l’on pouvait écouter à la radio, sur des enregistrements, dans les établissements des Catskills (la fameuse borsht belt), sur les scènes des théâtres yiddish, ou encore lors de mariages ou d’autres événements de la vie sociale. Son style de jeu a influencé toute une génération de clarinettistes bale-kulturnik, dont le plus connu est son élève, Andy Statman. En 1955, il enregistra un nouveau disque avec l’orchestre des frères Musiker (dont Sam Musiker, qui était devenu son gendre), un mélange de klezmer et de swing, révolutionnaire à l’époque, mais qui ne trouva pas son public. Une de ses dernières apparitions fut dans le documentaire “A jumping night in the garden of Eden”

Il décède le 13 février 1989 à Oceanside, dans le comté de Nassau, Etat de New-York en laissant une fille, Broune, un fils, Seymour, et sept petits-enfants.

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