Rika Zaraï, de son nom de jeune fille Rivka Gozman, est née le 19 février 1938, à Jérusalem, en Palestine mandataire, d’un père russe originaire d’Odessa et d’une mère polonaise de Wołożyn. La jeunesse de Rika Zaraï est studieuse, la jeune fille menant de front sa scolarité et ses études musicales. Dès l’âge de 7 ans, elle prend des cours de piano, et se révèle particulièrement douée. A 17 ans, elle décroche son baccalauréat, ainsi que le premier prix de piano du conservatoire de Jérusalem. Dans la foulée, elle part effectuer son service militaire où elle est chargée de diriger une comédie musicale, Cinq sur cinq, qui remporte rapidement un vif succès auprès des soldats, à tel point que le directeur d’un des plus importants théâtres de Jérusalem décide de monter la pièce. Le jour de l’audition, la chanteuse qui tenait le rôle principal, étant en mission, Rika la remplace au pied levé, débutant ainsi sa carrière de chanteuse à l’âge de 19 ans. Dans la foulée, elle épouse en 1958 le parolier du spectacle, Johanan Zaraï, avec qui elle a une fille, Yaël, en 1959.
Après son passage à l’armée, Rika Zaraï se produit dans des cafés-théâtres, en interprétant des traductions en hébreu de chansons de Trenet, Gréco, Aznavour et Brassens. Elle est alors remarquée par un imprésario qui lui suggère d’aller en France se présenter au directeur de l’Olympia, Bruno Coquatrix. Ce dernier lui conseille de revenir lorsqu’elle maîtrisera le français. Rika Zaraï, qui s’est séparée de son mari, vit alors des moments difficiles, devant subvenir aux besoins de sa jeune enfant. Elle chante dans des cabarets, notamment le Caroll’s et la Villa d’Este, pendant deux ans et demi. Sa carrière démarre enfin lorsqu’elle rencontre le producteur Eddie Barclay, avec qui elle signe en 1960, dans le label Bel Air, des chansons comme L’olivier ou encore Hava Naguila, qui commencent à être diffusées à la radio. Elle chante également en français des classiques du répertoire israélien, tels que Yerushalayim shel zahav (Jérusalem ville d’or) et Halleluyah (Grand Prix Eurovision 1979).
En octobre 1960, Rika Zaraï se produit à Bobino, en prélude au tour de chant de Marcel Amont. En 1961, Bruno Coquatrix, fidèle à sa parole, l’engage en première partie de Jacques Brel à l’Olympia. C’est à cette occasion qu’elle fait la connaissance de Jean-Pierre Magnier, un des musiciens de Brel, qui deviendra son futur mari. En 1963, elle retrouve Jacques Brel à Bobino, et le groupe mythique des Chaussettes noires à l’Olympia. En cette même année 1963, elle enregistre Tournez manèges, et est filmée par Claude Lelouch dans un Scopitone. En 1964, elle crée deux chansons (Le temps ; Et pourtant) écrites pour elle par Charles Aznavour. En 1965, elle effectue une grande tournée, avec Gilbert Bécaud en vedette. Cette même année, elle quitte le label d’Eddie Barclay pour signer chez Philips, où elle enregistre la musique de la chanson Prague. En 1969, elle sort ses premiers gros tubes, comme Casatschok, une adaptation de la chanson russe Katioucha, suivie par des titres comme Sans chemise, sans pantalon ; Alors je chante…
En 1969, Rika Zaraï est victime d’un grave accident de voiture. Les médecins pensent qu’elle ne pourra plus marcher. C’est à force de détermination et de patience, et avec l’aide de son ami Raymond Dextreit, adepte de médecine naturelle, qu’elle récupère l’usage de ses jambes après trois longues années. Durant sa pénible convalescence, elle compose, en guise de pied de nez à sa souffrance, la chanson Balapapa, aux paroles joyeuses, qui connaîtra un vif succès. Rétablie, elle retrouve le chemin des studios pour enregistrer de nouveaux tubes comme Tante Agathe, Ma Poupée de France, ou encore Sans chemise, sans pantalon, et se produit à de nombreuses reprises sur la scène de l’Olympia. Sa carrière est couronnée par plusieurs disques d’or.
En 1983, Rika Zaraï sort encore un dernier disque chez Philipps, Tout va très bien, avant d’arrêter ses activités artistiques. Elle se lance alors dans la promotion de la médecine par les plantes en publiant une série de livres dont certains, comme Ma médecine naturelle (Editions Carrère/Michel Lafon, 1985), sont de grands succès en librairie (plus de 2 millions cinq cent mille exemplaires vendus en France !). Mais son incursion dans la médecine naturelle est contestée par le conseil de l’ordre des pharmaciens. L’affaire, est à l’époque, largement relayée dans les médias.
En 1985, renouant avec la chanson, elle publie un nouvel album, Sans rancune et sans regret, et se produit à l’Olympia du 22 au 25 mai 1986. De 1987 à 1990, elle fait partie des invités de l’émission culinaire hebdomadaire animée par François Roboth et diffusée sur FR3, Quand c’est bon ?… Il n’y a pas meilleurs ! De 1986 à 1990, elle est également invitée régulièrement à l’émission radiophonique Les Grosses Têtes sur RTL.
Après douze années de silence musical, Rika revient en 2000 avec un nouveau CD Hava composé de nouvelles chansons comme Ce siècle au coeur brisé, Si j’étais orientale, Hopa et des reprises telles que Le temps des fleurs en hommage à son amie Dalida ; La yiddishe mama pour sa maman et le célèbre Hava naguila devenu Oriental Hava. Les sonorités de cet album sont au goût du jour, ce qui permet à Rika de lancer le 13 avril 2000, ce nouvel opus au Queen, la célèbre discothèque des Champs-Elysées à Paris.
En 2006, elle publie ses mémoires, L’espérance a toujours raison (Michel Lafon). En 2007, elle participe à la deuxième année de la tournée Âge Tendre et têtes de bois dans toute la France. Puis, en 2008, elle fête ses 50 ans de carrière dans la chanson, avec la sortie d’un nouvel album, Quand les hommes, mêlant des reprises de Georges Brassens et d’Yves Duteil, et des inédits.
Le 3 juin 2008, Rika Zaraï est hospitalisée en urgence à la suite d’un accident vasculaire cérébral. À la mi-juillet, elle regagne son domicile parisien et entame une phase de rééducation. Quelques années plus tard, le 3 octobre 2013, elle fait son retour à la télévision au journal de 13 heures sur TF1 et dans le quotidien Le Parisien à l’occasion de la sortie de son double CD Anthologie 1960-1982 chez Marianne Mélodie.
Le 31 décembre 2016, Yohanan Zaraï, son premier mari et père de sa fille, s’éteint. En septembre 2019, le label Marianne Mélodie sort une compilation de ses 100 meilleures chansons. Le 3 février 2020, douze ans après son AVC, elle chante, en public et en fauteuil roulant, Prague (une chanson de 1966), lors de la soirée la Nuit de la déprime organisée par Raphaël Mezrahi aux Folies Bergère à Paris.
Rika Zaraï meurt à Paris, le Mercredi 23 décembre 2020, à l’âge de 82 ans.
Sources :
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